L’Allemagne pourrait interdire les bloqueurs de publicités

L’Allemagne pourrait interdire les bloqueurs de publicités

Introduction : Mozilla tire la sonnette d’alarme. L’Allemagne pourrait en effet rejoindre la Chine dans l’interdiction des bloqueurs de publicité. Depuis des années, l’éditeur de presse Axel Springer mène une guerre de tranchées contre Eyeo, le développeur d’Adblock Plus : supprimer les réclames sur les sites web de Springer revient en effet à réduire à néant les revenus publicitaires.

La reconnaissance corporelle par Wi-Fi : une nouvelle arme de surveillance de masse ?

La reconnaissance corporelle par Wi-Fi : une nouvelle arme de surveillance de masse ?

Introduction : Dans une étude publiée le 17 juillet sur la plateforme arXiv, des chercheurs de l’université La Sapienza (Rome) ont présenté un système expérimental qui semble sorti tout droit d’un épisode de Black Mirror. Capable de capter la signature corporelle d’un individu via les seules perturbations qu’il induit dans un réseau Wi-Fi, il en produit ensuite une « empreinte ». Empreinte qu’il est ensuite possible de localiser, de suivre dans l’espace, voire de l’identifier de nouveau dans un autre environnement.

Baptisé WhoFi, il n’a pas besoin de caméra de surveillance ou de capteur quelconque pour fonctionner. S’il venait à se démocratiser, la reconnaissance faciale pourrait déjà être considérée comme désuète, bien qu’elle ne soit en usage que depuis une petite dizaine d’années dans certains pays. Serait-il possible de se soustraire à une telle technologie de surveillance si l’espace dans lequel nous nous déplaçons devient lui-même un traceur ? WhoFi : quand votre corps devient une donnée

Lorsque les ondes Wi-Fi traversent un espace vide, elles peuvent être altérées par des obstacles. Quand elles rencontrent un corps humain, par exemple, elles sont déformées : en fonction de la morphologie, de la posture ou même des micro-mouvements. C’est ce « motif de perturbation » que le système WhoFi apprend à reconnaître et à analyser.

À partir de ces variations, WhoFi parvient ensuite à générer un profil unique pour chaque individu, qui correspond à son empreinte biométrique qu’il laisse derrière lui lorsqu’il passe à travers les ondes Wi-Fi. Cette empreinte corporelle permet ensuite de réidentifier une personne dans un autre lieu, à condition que l’environnement soit équipé du même type de capteurs Wi-Fi et que la signature reste stable. Dans leurs essais, les chercheurs ont pu suivre un individu d’une pièce à une autre dans un environnement contrôlé.

Pour obtenir cette empreinte, les chercheurs ont employé un indicateur technique appelé Channel State Information (CSI), utilisé dans les réseaux Wi-Fi avancés. Ce paramètre mesure avec une grande précision la manière dont un signal est altéré pendant son trajet entre l’émetteur et le récepteur. Chaque objet ou corps traversé modifie la forme, l’intensité ou la phase du signal, exactement comme le ferait un prisme qui déforme un faisceau lumineux. Whofi Schéma du système WhoFi : à partir des signaux Wi-Fi réfléchis par le corps humain, un encodeur extrait des représentations internes, utilisées pour générer une « signature » unique. © Danilo Avola et al. / Department of Computer Science, La Sapienza University of Rome

L’équipe a capté ces micro-variations avec des routeurs standards modifiés, puis les a injectées dans un algorithme d’apprentissage automatique. Ce dernier extrait de chaque profil des vecteurs dits « signatures », des condensés mathématiques qui codent les caractéristiques physiques de l’individu.

L’expérimentation a porté sur 14 personnes, chacune testée dans deux pièces différentes. Le système était capable, après une première captation, de retrouver la bonne signature lorsqu’un même individu apparaissait de nouveau, dans un autre contexte. Le taux de réussite annoncé a atteint 95 %, du jamais vu en matière de détection par ondes ! Une technologie au potentiel redoutable

Cette efficacité, si elle doit être saluée, doit aussi nous mettre la puce à l’oreille. La reconnaissance faciale, aussi contestée soit-elle, suppose au moins la présence de caméras, souvent visibles et donc repérables. Dans certains pays (dont la France), elle nécessite même une autorisation légale ou une déclaration publique. Rien de tout cela avec le Wi-Fi, puisqu’il s’agit d’un protocole de communication.

Cette technologie, née en 1997, est omniprésente dans notre quotidien, puisqu’elle alimente nos smartphones, nos objets connectés et nos lieux publics (restaurants, hôtels, aéroports), le tout en restant complètement invisible. Les ondes Wi-Fi traversent les murs, circulent en permanence dans l’espace sans que personne ne s’en soucie. Grâce à WhoFi, il deviendrait donc théoriquement possible de suivre à la trace des individus, sans qu’ils ne donnent leur consentement ou qu’il ne soient au courant.

L’argument sécuritaire est toujours le premier brandi quand il s’agit de technologies de surveillance ; WhoFi n’échappe donc pas à la règle, puisque ses inventeurs l’invoquent dans leur article. Ils citent notamment le cas des fusillades de masse aux États-Unis, où chaque seconde compte pour localiser un assaillant dans un lieu bondé.

Dans un tel scénario, les caméras classiques peuvent vite montrer leurs limites : images de mauvaise qualité, angles morts, etc. En revanche, une empreinte corporelle captée une première fois par le réseau Wi-Fi d’un bâtiment pourrait permettre de retrouver ce même individu plus tard, dans un autre lieu équipé du même système.

Une surveillance intégrée au tissu même de notre environnement ; un rêve sécuritaire, mais un cauchemar éthique si l’on y réfléchit bien. Qui accéderait à ces données, si elles venaient à exister un jour ? Comment seraient-elles sécurisées ? Peut-on garantir qu’une entité publique ou privée ne chercherait pas à croiser ces empreintes avec d’autres bases de données ?

Bien sûr, aucune réponse n’est réellement donnée dans cette étude, qui reste concentrée sur la pure performance technique du système. Les auteurs n’y discutent pas d’implications politiques, juridiques ou encore moins éthiques. Néanmoins, nul besoin d’être un génie pour comprendre le potentiel de dérive de WhoFi s’il était développé à grande échelle : il pourrait se fondre dans le décor sans éveiller le moindre soupçon. Ajoutez à cela le flou juridique qui entoure l’exploitation de ces données biométriques d’un genre nouveau et vous obtenez une boîte de Pandore à peine entrebâillée. Bien heureusement, il n’est pour l’heure qu’un prototype, testé à très petite échelle, il n’est donc pas une menace au court terme. Mais que se passera-t-il lorsque celui-ci sera jugé « mature » par une agence gouvernementale ou une entité privée ?

Des chercheurs italiens ont créé un prototype capable d’identifier et de suivre des individus en analysant les perturbations de leur corps sur les ondes Wi-Fi.
Cette technologie, invisible et ne nécessitant ni caméra ni capteur, permettrait une nouvelle forme de surveillance, potentiellement sans le consentement des personnes.
Bien qu’expérimentale, elle soulève des questions éthiques majeures sur la vie privée, car elle pourrait transformer les infrastructures Wi-Fi en outils de traçage généralisé.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Newsletter 🍋

Abonnez-vous, et recevez chaque matin un résumé de l’actu tech Votre email :

J’ai lu et accepte les termes et les conditions

confidentialité Science Wifi [ Source ]

Sur le même sujet

Astronaute

Le pari fou de la NASA et de Google : confier la santé des astronautes à une IA
Portes Enfer Brasier Brule

Fin des “Portes de l’Enfer” : le brasier éternel de Darvaza s’éteint enfin
Terre Rotation

Record de rotation terrestre ce mardi 5 août : la journée va durer moins de 24 heures
Free Mobile

Free met fin à « FreeWifi », le service qui permettait de se connecter au Wi-Fi d’autrui

Dernières news N26 “Y a-t-il un pilote dans l’avion ?” : face au succès de Revolut, N26 s’enfonce dans la crise Iphone 16 Pro Apple (1) Cette mise à jour pourrait enfin sécuriser vos textos entre iPhone et Android Stranger Things Netflix Les créateurs de Stranger Things larguent Netflix

Guerre en Ukraine : que représente le Donbass pour Vladimir Poutine ?

Guerre en Ukraine : que représente le Donbass pour Vladimir Poutine ?

Introduction : Ce territoire représente à la fois un enjeu stratégique et un symbole politique pour le président russe. Le Donbass est une région collée à la Russie, à l’est de l’Ukraine. C’est un grand bassin industriel, riche en charbon et en minerai. Il est lié à l’histoire russe puisqu’il a fait partie de la fédération soviétique en tournant à plein régime sous Staline pour relancer l’industrie. Les ouvriers russes sont venus s’y installer en plusieurs vagues. La région reste, encore, majoritairement russophone.

Trump, faiseur de paix ? Pas si sûr, y compris en Afrique

Trump, faiseur de paix ? Pas si sûr, y compris en Afrique

Introduction : Au sommet américano-russe sur l’Ukraine, en Alaska, Donald Trump a montré moins de condescendance et plus de respect face à Vladimir Poutine que lors de ses rencontres avec des chefs d’État africains, note “Le Djely”. Plus largement, pour le site guinéen, la méthode du président américain pour résoudre les crises en Afrique, de Kinshasa à Khartoum, n’a en rien été concluante.

La France est submergée par la drogue

La France est submergée par la drogue

Introduction : Le mal français est plus banal. Il tient notamment à une chaîne pénale défaillante et à des dispositifs qui n’ont pas les moyens de fonctionner correctement. Sur le papier, l’État dispose pourtant d’armes juridiques et judiciaires redoutables – peines de trente ans, voire perpétuité pour les infractions commises en bande organisée, cours d’assises spéciales, juridictions interrégionales spécialisées (JIRS) créées en 2004 – mais dans les faits, le manque de moyens humains et matériels rend ces outils inopérants. À commencer par la justice. Le nombre de magistrats par habitant est bien inférieur à celui observé dans d’autres pays de l’Union européenne. Résultat : des affaires qui devraient être jugées aux assises sont renvoyées en correctionnelle où les peines n’excèdent pas dix ans de prison ou vingt ans en cas de récidive.

Le Pentagone a dépensé $4 000 milliards sur 5 ans, et l’industrie de l’armement en a reçu plus de la moitié

Le Pentagone a dépensé $4 000 milliards sur 5 ans, et l’industrie de l’armement en a reçu plus de la moitié

Introduction : Ce serait une chose si les centaines de milliards de dollars prodigués aux entreprises d’armement étaient dépensés à bon escient au service d’une meilleure défense. Mais ce n’est pas le cas. Des systèmes d’armes surévalués et peu performants comme l’avion de combat F-35 et le missile balistique intercontinental (ICBM) Sentinel se sont révélés très efficaces pour consommer l’argent des contribuables, alors même qu’ils accusent d’énormes dépassements de coûts, de longs retards et, dans le cas du F-35, qu’ils ne peuvent être utilisés la plupart du temps en raison de graves problèmes de maintenance.

Les records macabres de Tsahal à Gaza

Les records macabres de Tsahal à Gaza

Introduction : Une mortalité infantile supérieure à celle de tous les conflits récents. L’équivalent « d’une classe d’enfants massacrée chaque jour depuis près de deux ans ». 70 kilotonnes de bombes larguées – six fois la bombe de Hiroshima, sur un territoire six fois plus peuplé. Un nombre record de mineurs amputés. Des tueries à un rythme inégalé depuis le génocide des Tutsis de 1994. Le carnage de Gaza aura porté le piétinement de la vie civile à de nouveaux sommets au XXIè siècle. Des crimes dont l’État israélien et son armée (« la plus morale du monde ») cherchent de moins en moins à dissimuler l’ampleur.

Géopolitique profonde : l'alliance de la Russie et des conspis

Géopolitique profonde : l'alliance de la Russie et des conspis

Introduction : En trainant à une soirée organisée par le site conspirationniste « Géopolitique profonde », notre journaliste tire un fil qui le mène assez vite vers la Russie, rejoignant ici les inquiétudes de nombreux signalements du renseignement militaire qui voit en la Russie une « menace durable » pour l’Union européenne et en particulier la France. Moscou mène une bataille acharnée sur le front de l’information et dispose de relais médiatiques et de propagandistes actifs et zélés. Décryptage d’une offensive où l’extrême droite attend son heure et compte les points en s’appuyant sur la complosphère.

« Nous n’abandonnons pas la lutte pour la protection de la vie privée » : L’exil de Proton face aux craintes de surveillance de masse

« Nous n’abandonnons pas la lutte pour la protection de la vie privée » : L’exil de Proton face aux craintes de surveillance de masse

Introduction : Ce n’est pas la première fois qu’un fournisseur de VPN menace de se retirer d’un marché pour contester une loi jugée liberticide, c’est toutefois rare que ces menaces soient mises à exécution. Ce que vient de faire Proton qui craint l’entrée en vigueur d’une loi autorisant une « surveillance de masse » en Suisse.

La Serbie en proie “à des scènes de guerre civile”

La Serbie en proie “à des scènes de guerre civile”

Introduction : La crise politique et sociale qui secoue la Serbie depuis neuf mois suite à la mort de 16 personnes dans l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad a pris une tournure violente. Deux soirs de suite, partisans du parti au pouvoir et opposants se sont affrontés dans de plusieurs villes.

Les États-Unis et la lutte anti-corruption en Ukraine : entre « désoligarchisation », ingérence et guerre économique

Les États-Unis et la lutte anti-corruption en Ukraine : entre « désoligarchisation », ingérence et guerre économique

Introduction : L’affaire Alstom, en France, l’a démontré : la lutte contre la corruption est parfois un outil de soft power qui procède d’une logique de guerre économique. En Ukraine, les États-Unis jouent un rôle majeur dans l’élaboration des réformes anticorruption, qui servent autant à « désoligarchiser » l’économie qu’à prendre le contrôle de marchés stratégiques.

Des milliards engloutis, des data centers secrets : l’envers climatique de l’IA

Des milliards engloutis, des data centers secrets : l’envers climatique de l’IA

Introduction : L’intelligence artificielle transforme radicalement notre monde numérique, s’intégrant dans nos recherches, nos outils quotidiens et nos services en ligne. Mais derrière cette révolution technologique se cache une réalité peu médiatisée : une consommation électrique colossale dont l’ampleur réelle reste délibérément obscurcie par les entreprises qui en tirent profit. Cette opacité soulève des questions cruciales sur la durabilité et l’équité de cette transformation numérique qui prend forme sous nos yeux.