Introduction : Tout cela est une construction idéologique, fondée sur des stéréotypes puisés dans des textes religieux ou de la vulgarisation scientifique, simpliste et souvent fallacieuse, au sujet d’une préhistoire fantasmée, d’un déterminisme supposé des gènes ou des hormones, mais cela a néanmoins un impact sur le réel, sur la socialisation, sur les attentes qu’on se fait des gens, de nous-mêmes, etc. Comme je l’explique dans La crise de la masculinité, c’est un discours qu’on entend depuis au moins l’Antiquité romaine en Europe, et aujourd’hui partout sur la planète, et qui laisse entendre que les hommes vont très mal à cause des femmes qui prendraient trop de place, qui prendraient “notre” place d’homme, et à cause des féministes qui nous critiqueraient méchamment … L’homme serait une victime des femmes, et la solution serait de revaloriser une masculinité conventionnelle, qui aurait été malmenée par la féminisation de la société. Le discours de la crise de la masculinité a toujours pour effet de justifier une distinction forte entre le masculin et le féminin, et de valoriser le masculin conventionnel tout en discréditant le désir ou la volonté des femmes d’être libres et égales aux hommes.