Europe centrale et orientale : une intégration aux pieds d’argile
Introduction : Vingt ans après l’élargissement l’Union européenne (UE) à l’Europe centrale et orientale, cette intégration dévoile toute sa fragilité. Dépendance aux investissements étrangers, inégalités territoriales, émigration massive, recul démocratique : les « néo-adhérents » sont loin de la prospérité promise deux décennies plus tôt. À une ère de prédation, où les capitaux allemands ont fait main basse sur leur industrie, succède une période d’instabilité, consécutive à la guerre d’Ukraine et la fin de l’énergie à bas coût importée de Russie. L’Union européenne devait permettre un rattrapage-éclair des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ; désormais, elle les entraîne dans son déclin.
Extrait : À l’hémorragie occasionnelle des capitaux s’est superposée celle, autrement plus régulière, des travailleurs. Depuis 1990, les PECO ont vu environ 20 millions de personnes émigrer vers l’Europe de l’Ouest – près de 15 % de la population de la zone. L’Estonie s’est vue privée de 7 % de sa population entre 1998 et 2013. Ce phénomène concerne en majorité de jeunes actifs qualifiés, accélérant le déclin démographique.
Cette fuite des cerveaux a aussi modifié les équilibres électoraux : en affaiblissant le poids des classes moyennes urbaines et pro-européennes, elle a pu favoriser l’émergence de partis conservateurs ou nationalistes. Loin d’être marginal, ce processus pèse désormais sur la cohésion sociale des PECO comme sur l’avenir politique du projet européen.
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