L’Europe occidentale sous l’emprise de la faille identitaire américaine
Introduction : Les États-Unis sont confrontés à une déchirure identitaire qui a des répercussions sur l’Europe. Le revirement diplomatique de Washington, qui s’est rapproché de Moscou et qui discute avec la Russie, laisse sans voix les Européens qui ne savent plus quelle direction adopter.
Extrait : Au cours des trois dernières décennies, la fin de la guerre froide a engendré un rapprochement physiologique entre l’Europe occidentale et la Russie puisque ses trois plus grands pays, la France, l’Allemagne et l’Italie, ont repris le fil de la convergence géopolitique historique avec Moscou. Paris parce qu’il y trouve traditionnellement un rivage important pour contenir l’Allemagne et s’émanciper de Washington ; Berlin parce qu’il suit une parfaite complémentarité stratégique presque par inertie[1] ; Rome parce que, depuis la réunification nationale, elle compte en son sein une influente composante russophile[2]. Une trajectoire que l’Amérique ne peut absolument pas tolérer, car elle est en conflit avec sa première priorité géopolitique : éviter l’émergence sur le continent eurasien d’une puissance capable d’avoir l’hégémonie. La guerre en Ukraine est donc intervenue comme une aubaine pour Washington afin de générer la rupture structurelle nécessaire à la désarticulation de la convergence.