Les nouvelles routes africaines de l’influence émiratie
Introduction : Plus généralement, l’exportation des rivalités du Moyen-Orient en Afrique a eu des effets déstabilisateurs dans plusieurs pays fragiles. En Somalie, la concurrence acharnée entre le camp turco-qatari et le camp saoudo-émirati a alimenté les divisions internes : tandis que le gouvernement central de Mogadiscio était soutenu financièrement par Doha et militairement par Ankara (qui y a implanté sa plus grande base étrangère de formation en 2017), Abu Dhabi courtisait les leaders des régions dissidentes (Somaliland, Puntland), exacerbant les tensions fédérales. Au Soudan, le duel à distance entre Qatar (proche des islamistes d’el-Béchir) et Émirats (partisans du pouvoir militaire) a également contribué à polariser la transition post-Béchir. En Libye enfin, l’implication simultanée de la Turquie (aux côtés du gouvernement de Tripoli) et des Émirats (derrière Haftar) a internationalisé la guerre civile en 2019-2020, prolongeant les violences. L’activisme militaire émirati en Afrique, s’il a renforcé l’influence d’Abou Dhabi, a donc aussi engendré des contrecoups imprévus – du ressentiment au sein des populations locales jusqu’à des menaces sécuritaires directes contre les intérêts émiratis.
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