L'intelligence artificielle bouleverse la création musicale, soulevant des questions sur l'authenticité, le droit et l'avenir des créateurs. Des voix clonées aux chansons générées, elle force l'industrie à redéfinir les frontières entre humain et machine.

Introduction : Face à ces créations, les questions juridiques se posent avec acuité. Célia Zolynski, professeur en droit privé et sciences criminelles, rappelle que la voix d’une personne est protégée en tant qu’attribut de sa personnalité, qualifiée parfois “d’image sonore” par les juges, et sa diffusion suppose l’autorisation de l’individu, sauf exception comme la parodie. La diffusion trompeuse de “voice fakes” est même incriminée par le code pénal si elle n’est pas clairement identifiée comme un contenu manipulé. La voix est aussi une donnée personnelle, potentiellement biométrique. Au-delà de la voix, l’interprétation de l’artiste peut être protégée par le droit voisin si elle est originale. L’utilisation de la voix et du style d’un artiste connu pour une nouvelle chanson peut également constituer un acte de parasitisme ou de concurrence déloyale en exploitant indûment sa notoriété ou en créant un risque de confusion.

Extrait : Sur les plateformes de streaming, l’afflux de musique générée par IA est massif. Darius Afchar, chercheur au sein de la plateforme de streaming musical Deezer, rapporte que plus de 20 000 titres générés par IA arrivent chaque jour sur la plateforme, représentant 18% des contenus fin 2024. Si une minorité de ces créations sont des co-créations hybrides entre artistes humains et IA, la majorité est liée à la fraude. Environ 70% des écoutes de ces contenus détectés comme générés par IA sont réalisées par des bots afin de capter les royalties.

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