Sous les dons, la débâcle : comment la fast-fashion asphyxie les ressourceries
Introduction : « Le problème ne date pas d’hier : il est lié à l’essor de la fast-fashion à partir des années 1980. Nous recevons d’ailleurs beaucoup plus d’habits issus de cette catégorie-là, qui sont produits dans des conditions environnementales et sociales globalement tout aussi désastreuses que ceux de l’ultra-fast-fashion », affirme Natacha, qui travaille elle aussi à la Collecterie. Les bacs en témoignent : dans les dons récupérés, la fast-fashion est largement plus représentée que l’ultra-fast-fashion. « C’est aussi cela que l’on souhaite montrer avec cette opération : ne s’attaquer qu’à Shein, qui concentre beaucoup d’attention ces derniers temps, ne sert à rien », développe Pierre Condamine, chargé de campagne aux Amis de la Terre. Si Shein est aujourd’hui sous le feu des projecteurs, toutes les marques de fast-fashion classique qui ont des magasins en France depuis des années font également partie du problème, rappellent les participants à l’action. © Mathieu Génon / Reporterre
Voilà pourquoi la coalition Stop Fast Fashion, à laquelle appartient l’ONG, appelle à l’adoption « rapide » de la loi anti-fast-fashion « visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile ». Et ce, dans une version beaucoup plus « ambitieuse » que celle votée par le Sénat en juin 2025. Une loi à retravailler
Cette loi se concentre sur l’ultra-fast-fashion, alors que le texte initial s’attaquait de façon plus large à la fast-fashion et a fortiori aux enseignes européennes. Le projet ayant reçu un avis réservé de la Commission européenne — plusieurs dispositions étant a priori contraires au droit européen —, une commission mixte paritaire doit se réunir en France au premier trimestre 2026 pour retravailler cette proposition de loi.
« Il y a un rapport de force qui se crée entre l’État français et l’Union européenne, où les lobbies de la fast-fashion se sont beaucoup activés — malheureusement, cela a également été le cas au Sénat. Nous essayons donc d’interpeller le gouvernement afin qu’il se batte contre la Commission européenne », ajoute Pierre Condamine. En seulement une semaine, 180 kilos de vêtements de mauvaise qualité issus de la fast-fashion ou de l’ultra-fast-fashion reçus sont de trop piètre qualité ou en trop piètre état pour être réutilisés tels quels. © Mathieu Génon / Reporterre
En attendant, un ultime caddie rempli de vêtements arrive au stand monté par la coalition. Un dernier tri plus tard, le verdict tombe : parmi les dons reçus par la Venelle en l’espace d’une semaine, 180 kg de vêtements issus de l’ultra-fast-fashion et de la fast-fashion — trop abîmés et/ou de trop mauvaise qualité — ne pourront être revendus.
Ceux-ci seront recyclés en chiffons ou en isolant — en moyenne 30 % d’entre eux —, seront exportés dans des pays africains — même si le continent préfère désormais racheter les textiles des pays asiatiques — …ou finiront incinérés.
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