Comment la gestion de la dette publique appauvrit l’État au profit du secteur privé
Introduction : « L’État vit au-dessus de ses moyens. » La phrase est si souvent répétée qu’elle n’est plus questionnée. De moins de 20 % du produit intérieur brut (PIB) dans les années 1970, la dette atteint aujourd’hui environ 110 %. Au-delà de ces chiffres, de nombreux travaux critiques, de Thomas Piketty à Pierre Bourdieu, montrent une autre réalité. Loin d’être née d’un excès de dépenses sociales, la dette est aussi née d’une série de choix politiques favorables aux marchés financiers, comme l’ont montré Frédéric Lordon ou François Chesnais, la financiarisation de l’État transformant la dette en outil de transfert de richesses vers le secteur privé… Ainsi, chaque année, des milliards d’euros d’intérêts (68 milliards d’euros en 2025, soit un peu plus que le budget de l’éducation nationale) rémunèrent les créanciers privés, tandis que les services publics doivent se restreindre. Le récit dominant occulte la responsabilité de choix politiques assumés et construits dans le temps long… À cette contrainte monétaire s’est ajoutée la vente d’actifs publics : banques, télécoms, énergie, autoroutes, aéroports. Ces privatisations ont dépossédé l’État de dividendes réguliers, réduisant sa capacité d’action à long terme. Parallèlement, les aides aux entreprises se sont multipliées, atteignant plus de 210 milliards d’euros en 2023 (Sénat, rapport 2025).
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