Le fascisme gagne-t-il la France ? Entretien avec Ugo Palheta

Introduction : Et c’est ce qu’ils font : l’essentiel de la première base sociale du Front National ce sont des gens qui votaient à droite auparavant. Ils vont avoir une stratégie différente à partir des années 1990 car ils voient bien que le mouvement ouvrier et le Parti Communiste sont en déclin très prononcés et qu’il y a la possibilité de se développer dans les territoires de vieille implantation de la gauche (PCF mais aussi PS) : le bassin minier dans le Pas-de-Calais, la Lorraine antérieurement sidérurgique… C’est dans le cadre de cette stratégie qu’il vont commencer à développer une rhétorique dite “sociale” et antisystème plus prononcée, notamment contre l’Europe alors qu’auparavant, jusqu’au début des années 1990, ils étaient pro-Europe car, dans leur vision et leur imaginaire, elle permettait de se défendre face à l’Union Soviétique.

Extrait : Il faut bien voir que les courants fascistes et néofascistes sont fondamentalement opportunistes en matière économique et sociale, particulièrement lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir. Marine Le Pen et le noyau dirigeant du FN/RN sait qu’ils peuvent appuyer sur la touche “anti-système” du piano si nécessaire, mais en ce moment ils préfèrent appuyer sur d’autres touches, celles qui séduisent le Medef, les clientèles traditionnelles de la droite qui se situent davantage dans les classes moyennes et favorisées, d’où l’exposition importante de Bardella, qui joue cette carte depuis 2 ou 3 ans. .. Par exemple le pouvoir d’achat n’est pas souvent vu par les électeurs du RN comme un problème lié aux conflits de classe, à la rapacité des bourgeois, des patrons ou des actionnaires, mais via le discours : “ils prennent toutes les aides, l’Etat ne donne qu’à eux, j’aurais plus si je payais moins d’impôts, des impôts qui vont à des gens qui ne le méritent pas et ne devraient pas être là”.

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