« Bruno Retailleau fait des jeunes racisés des quartiers populaires des ennemis de l’intérieur », entretien avec Olivier Le Cour Grandmaison
Introduction : Auteur de « Racismes d’État, États racistes », Olivier Le Cour Grandmaison voit dans l’utilisation du terme « barbares » par le ministre de l’Intérieur un signe de plus de l’extrême-droitisation du parti Les Républicains. Il alerte sur les effets de cette stratégie délibérée, à la veille d’échéances électorales majeures. .. L’universitaire Olivier Le Cour Grandmaison, auteur de Racismes d’État, États racistes. Une brève histoire (éditions Amsterdam, 2024), rappelle l’histoire du mot « barbares » et toutes les représentations racistes qu’il charrie. Il s’agit à ses yeux d’une stratégie électorale délibérée à l’approche des municipales et de la présidentielle, qui doit appeler une riposte unitaire de la gauche.
Les « jeunes de banlieue » ont un nouvel avatar dans la bouche du ministre de l’intérieur. Après avoir été des « sauvageons » pour Jean-Pierre Chevènement en 1999 alors qu’il siégeait Place Beauvau, puis des « racailles » qu’il fallait « nettoyer au karcher », selon les termes de Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, en 2005, ils sont des « barbares » pour Bruno Retailleau.
Commentant les violences après la victoire du PSG, dimanche 1er juin, le ministre de l’intérieur a fustigé ces « barbares [qui] sont venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre ». Plus tard il a persisté, en conférence de presse : « Oui, ce sont des barbares. La barbarie, c’est quand tout devient prétexte à la violence, au plaisir, au désir désinhibé de la destruction et du pillage. »
Des propos qui rappellent ceux de Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d’Alliance police nationale, à la veille des législatives anticipées de 2024, disant en avoir « marre des raclures, des nuisibles, des jeunes d’origine étrangère ».