**La classe moyenne voit son pouvoir d’achat stagner, ses enfants s’exiler, ses repères vaciller**

Introduction : Ils dénoncent l’effondrement des services publics, l’abandon des territoires, l’injustice fiscale. Ils formulent des propositions concrètes, réclament une meilleure répartition des ressources, une démocratie plus proche, une école plus juste. Cette parole est ignorée. Les témoignages que nous avons recueillis dans plusieurs régions françaises disent la même chose : une vie qui se tend, des métiers qui ne permettent plus de se loger, de se soigner, des enfants qui partent, un sentiment d’inutilité sociale. L’angoisse de tomber, même en travaillant. « On n’est pas pauvres, mais on n’a plus de marge », résume Sabine, cadre dans le secteur public, mère de deux enfants. « Moi je vois ma vie comme une stagnation », confie Dominique, enseignante dans une ville moyenne. La peur n’est plus celle du chômage, mais celle du déclassement, mais aussi de l’invisibilité. Car il ne s’agit pas seulement d’une crise matérielle.

Extrait : Les élites, dont tous ceux qui écrivent ou lisent ces lignes font partie, n’ont pas trahi par cynisme, mais par paresse : fortes de leur réussite individuelle, elles ont abandonné leur responsabilité collective. Elles pensent que leur réussite personnelle est justifiée par leur mérite propre et que si les autres ne réussissent pas, c’est qu’ils ne le méritent pas.

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