Condamnations du RN : saturation de la comm’, discrédit de l’État de droit
Introduction : À la Une des grands médias, le traitement de la vaste affaire politico-financière dite des « assistants FN au Parlement européen » a tourné au fiasco journalistique. De spectacularisation en partis pris enflammés en défense du RN et de Marine Le Pen, en passant par une personnalisation quasi systématique des enjeux, cette séquence met à jour le niveau d’emprise du journalisme politique et de la communication sur l’information et le débat public, mais aussi l’ampleur de la banalisation du parti d’extrême droite et de la délinquance en « col blanc » dans une large partie de l’éditocratie.
Extrait : Dans un tel concert entretenant la confusion entre « communication politique » et « journalisme », il n’est pas étonnant que les faits judiciaires aient été relégués au second plan – pour ne pas dire aux tréfonds du débat public. Une première remarque s’impose à cet égard : à bien lire les titres de presse ou écouter les journaux d’information, on pourrait aisément retenir du jugement que seule Marine Le Pen a été condamnée. Les lunettes grossissantes sur la cheffe de file du RN sont telles que les médias dominants en oublient d’ailleurs bien souvent de mentionner les – vingt-trois ! – autres prévenus, participant de la construction d’un délit politico-financier en une vulgaire « affaire personnelle ». Loin d’être propre au procès dit des « assistants parlementaires FN », ce biais majeur constitue sans doute l’un des leviers de dépolitisation les plus délétères du traitement médiatique des affaires politico-financières de la classe politique. En effet, ce réductionnisme individualise et personnalise à la fois les enjeux du procès et l’activité judiciaire en elle-même – son fonctionnement collégial, notamment –, activant de fait les ressorts sur lesquels le RN assoit sa théorie du complot.
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