Les États démocratiques ne polluent pas moins, ils délocalisent leurs émissions

Introduction : Si les États démocratiques sont souvent présentés comme plus avancés que les autres sur la question de l’écologie, une étude tend à nuancer le propos. Des chercheurs suisses et britanniques ont publié, le 14 mai dans la revue Plos Climate, des travaux qui soulignent la tendance des pays démocratiques à déplacer leur pollution dans des pays extérieurs. Les universitaires ont compilé des données sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), comprenant, entre autres, le dioxyde de carbone, le méthane et le dioxyde de soufre, de 161 pays, de 1990 à 2015.

L’étude avance que les États démocratiques modifient leurs processus de production, pour que les biens très polluants soient fabriqués à l’étranger, plutôt que sur le territoire national, avant d’être importés.

Extrait : Pour expliquer cette tendance, les chercheurs avancent que, dans les pays démocratiques, la science et l’expression de l’opinion publique sont plus libres. La demande publique en matière de protection de l’environnement est donc renforcée. Et quand des réglementations sont imposées, les industriels qui ne veulent pas s’y plier transfèrent leurs activités polluantes dans d’autres pays. Ces délocalisations sont aussi bien souvent motivées par des raisons financières.

L’étude ne doit cependant pas « être interprétée comme un éloge des systèmes politiques autocratiques ou totalitaires », alerte Thomas Bernauer. Il rappelle qu’au contraire, les autocraties ont un bien plus mauvais bilan en matière de protection de l’environnement. Historiquement, les pays aujourd’hui démocratiques sont cependant responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, sur leur territoire actuel et dans leurs colonies.

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