Valérie Kokoszka : ** La nouvelle administration américaine voue explicitement l’Europe libérale aux gémonies**

Introduction : L’administration Trump, inspirée par les idées néoréactionnaires de Curtis Yarvin, promeut un isolationnisme prédateur et un pouvoir exécutif fort, rejetant les idéaux démocratiques des Lumières. Sa politique extérieure, marquée par le mépris du droit international, privilégie les rapports de force et les « deals » économiques. Face à ce défi, Valérie Kokoszka, docteur en philosophie, explique que l’Europe doit allier ses principes démocratiques à une stratégie de puissance pour défendre sa souveraineté sans renier ses valeurs.

Extrait : Avec d’autres mouvances de l’alt-right américaine Yarvin rejette l’héritage des Lumières et les fondements de la démocratie libérale tels que la liberté et l’égalité, la solidarité, qui entravent les hiérarchies naturelles. Il participe ainsi non d’une mouvance pudiquement nommée illibérale, mais d’un mouvement affirmé de dé-libéralisation politique du monde. Admirateur des contre-révolutionnaires comme Carlyle et Maistre, Yarvin prône un pouvoir exécutif fort, une « monarchie » technocratique au sein de laquelle le pouvoir serait distribué à proportion de la réussite économique et des compétences amplifiées par les nouvelles technologies (Musk, Thiel). Pourfendeur, comme Vance, de l’université dont il espère « la liquidation physique et économique », des médias, des ONG, bref de tout ce qui fonde l’espace public démocratique, Yarvin est l’initiateur du projet RAGE « Retire all government employees » qui vise à remplacer les fonctionnaires par de loyaux serviteurs du souverain, dont la définition est d’être « au-delà de la loi ».

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